Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'actu Verte
26 janvier 2010

Qui doit financer le green business ? Des limites du grand emprunt...

                                                                         

                                       

Le Projet de Loi de Finances Rectificative (PLFR), examiné hier en Conseil des Ministres, a nous donné quelques idées sur la répartition budgétaire des 35 milliards d’euros d’investissement dits « d’avenir ».

 

bercy.jpgLe grand emprunt de Nicolas Sarkozy avait pour ambition d’aider à « l’indispensable transition vers un nouveau modèle de développement plus durable ».

Le 14 décembre dernier, on parlait déjà d’une enveloppe de 5 milliards d’euros, chiffre assez décrié par les ONG, telles que Greenpeace ou WWF, qui notaient l’omniprésence des industries traditionnelles et la délicate question du nucléaire dans les principaux postes d’investissements. Les grands gagnants seront finalement la formation et l’éducation, cumulant plus de 19 milliards d’euros d’investissement.

Dans un contexte post-Copenhague, on peut légitimement se poser la question :

Que reste-t-il réellement pour le développement durable et à qui incombe cette responsabilité ?

On ne peut que se féliciter de la présence de l’ADEME parmi les opérateurs publics assurant la gouvernance de ces investissements d’avenir, mais cela suffira-t-il ?

René Ricol, Commissaire général en charge du grand emprunt, semble insister sur le fait qu’il s’agit bien d’investissement et non de subvention. A la bonne heure …. interview René Ricol sur Europe 1

Nombre de missions sont inscrites dans le programme du  Ministère de l’Economie et les secteurs traditionnels sont priés instamment de revoir leurs copies green !

Nous entendrons donc beaucoup plus parler de toutes les initiatives liées à l’impact environnemental de l’industrie aéronautique, automobile ou encore nucléaire.

Enfin, il est intéressant de noter qu’une partie des financements destinés au numérique serviront également à financer des applications multiples à vocation Green tels que les          « Smart Grid » (une des dénominations des réseaux de distribution d’électricité intelligent).

Néanmoins, on ne peut qu’être déçu par les montants évoqués et l’absence de réelle prise de conscience, non seulement des montants nécessaires pour financer des « Clean Technologies », mais également des modalités particulières de financement liées à ce secteur.

Mais tout cela n'est-il pas un faux débat ? Est-ce vraiment à l'Etat d'être le moteur du financement de cette filière ?

 

Au début des années 90, nous étions au stade du financement de l’innovation (les VC et les Business Angels ont bien joué leur rôle). Aujourd’hui en Europe, aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde, des milliers de sociétés fabriquent des panneaux photovoltaïques (est-il utile de rappeler que les premiers fabricants au monde sont les chinois ?), des voitures électriques et tout ce que cela comporte comme technologies.

 

En 2010, ce n’est plus tant à l’Etat de jouer ce rôle, mais aux grandes entreprises et aux banques de prendre le relai et de financer ces projets gourmands en capitaux et moins rentables que les projets traditionnels. C’est bel et bien une attitude de financement de projet qu’il faut adopter en installant des parcs éoliens, l’un après l’autre, et en développant des projets d’infrastructures à l’échelle industrielle, l’innovation suivant, et nous aurons dès lors un cercle vertueux.

 

L’exemple de la société BrightSource Energy est assez intéressant (www.brightsourceenergy.com). Cette société construit et opère des projets d’envergure d’énergie solaire thermique, utilisant une technologie innovante et relativement peu couteuse. BrightSource Energy produit aujourd’hui près de 80% de l’énergie thermique solaire produite commercialement aux Etats-Unis. Cette société a été financée conjointement par Morgan Stanley, BP, Chevron et Google.

 

Ce qui est intéressant dans cette société, au-delà de la technologie développée, c’est la composition du capital qui allie une institution financière de renom avec des sociétés pétrolières de premier plan et un opérateur internet.

 

A l’évidence, les modèles économiques sont en train d’évoluer à grands pas et les acteurs de l’enjeu (possible !) semblent ne pas vouloir rester sur le bord de la route.

 

Les montants nécessaires au financement des parcs éoliens sont importants, entre 150 millions de dollars à 1 milliard ou plus.

 

Il serait grand temps que les banquiers assument aujourd’hui le rôle qui est le leur (ce qui éviterait aussi de creuser le déficit public) et ne se contentent pas que de financer des aéroports, des autoroutes ou des ponts.

 

Un banquier interrogé récemment déclarait sous le couvert de l’anonymat « que les grandes banques préfèrent les grands projets d’infrastructures classiques que ceux des CleanTech, secteur où l’on a encore trop peu de recul » et avouait « un manque criant de connaissance en interne sur ces sujets ».

 

Il va falloir en tout cas se former très rapidement. Les mois à venir seront intéressants.

 

Alors que les états légifèrent (la nouvelle taxe carbone en France ou le projet de loi américain), ces derniers atteignent néanmoins leurs limites en termes de financement. Les institutions financières et les opérateurs privés, ceux-là même qui ont financé les réseaux d’eau, le métro ou internet, devront mettre une part significative et prioritaire de leurs investissements dans le développement durable, sans quoi nous ne mettrons jamais en pratique nos sages et bonnes résolutions.

Publicité
Publicité
Commentaires
I
Les banques restent en effet prudentes et plutot en retrait. La pénurie de crédit pour les entreprises conduit inévitablement à la dégradation du secteur de l'emploi. Pour redynamiser le marché de l'emploi, il apparait en effet necessaire de diversifier davantage l'activité économique et soutenir davantage les entreprises et les nouveaux projets. Le paysage reste a l'heure actuelle plutot figé.
L'actu Verte
Publicité
Publicité