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L'actu Verte
20 mai 2010

Autopsie de la marée noire aux Etats-Unis

Une plage de Venice, en Louisiane où des résidus de pétrole se déposent, le 17 mai.

John Moore/Getty Images/AFP

Une plage de Venice, en Louisiane où des résidus de pétrole se déposent, le 17 mai.

       

Trois semaines aprèsle naufrage de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon, la fuite de pétrole n'est toujours pas enrayée. Malgré les moyens mis en oeuvre par la compagnie pétrolière responsable, BP (British Petroleum),  s'annonce comme une catastrophe écologique sans précédent dans le golfe du Mexique.

     

Les États-Unis se mobilisent contre l'arrivée de la marée noire

De nombreux moyens ont été mis en œuvre pour limiter les dégâts du pétrole sur les côtes américaines: des barrages flottants, des remparts de sables construits sur les plages... Même le détournement du Mississippi est envisagé. "Le fleuve Mississippi est notre meilleur ami, explique le capitaine des garde-côtes Edwin Stanton. Il pousse le pétrole et le garde loin du delta", explique-t-il.

Pour les pêcheurs et certains écologistes, il s'agit d'une mauvaise idée: l'eau du fleuve est polluée et va pousser les crustacée au large, vers la nappe. Un entrerpise norvégienne propose, quant à elle, de déposer de la tourbe sur les plages. Cette matière peut absorber 5 fois son poids en pétrole et être enlevée ensuite. Même les stratagèmes les plus originaux sont étudiés, comme les éponges en cheveux humains.

"La fuite pourrait être 5 à 20 fois plus importante"

Steven Wereley, un professeur d'ingénierie mécanique à l'université Purdue a fait sa propre estimation du volume de pétrole qui se déverse dans la mer. Grâce à une vidéo de la fuite mis en ligne par BP, il a calculé la vitesse d'écoulement. Il obtient un résultat 10 à 14 fois supérieur aux 800 000 litres quotidiens annoncés par BP et les autorités américaines.

La déception du couvercle

Le "couvercle" collecteur de pétrole devait endiguer la fuite, puis canaliser le pétrole grâce à un tube relié à un bateau. Placé le 8 mai, il a dû être retiré deux jours après car des cristaux de méthane se sont formés dans le tube. BP espérait résoudre ce problèmes dans les jours suivant, mais cette tentative a finalement été abandonnée. Il a fallu attendre le 17 mai pour qu'une solution à court terme soit effective.

Enfin le pompage, en attendant la solution définitive

Un tuyau mis en place le 17 mai permet actuellement de siphonner près de 2000 barils sur les 5000 qui s'échappent du puits, selon les estimations de BP. Cette solution n'est que temporaire. Pour boucher le puits, BP doit forer dedans et y injecter des produits empêchant le brut de s'écouler. La mise en place de ce système pourrait prendre jusqu'à trois mois.

Le "couvercle" sur lequel reposaient les espoirs d'endiguer la fuite, le 6 mai.

REUTERS/Ho New

Le "couvercle" sur lequel reposaient les espoirs d'endiguer la fuite, le 6 mai.

La mauvaise foi de BP

Mardi 18 mai, la compagnie déclare dans un communiqué que l'impact de la marée noire sur l'environnement serait "très modeste". Cependant, la nappe de pétrole est aussi vaste que plusieurs départements français, et menace de détruire la barrière de corail située au sud de la Floride -la troisième au monde. Tony Hayward, le directeur général du groupe, avait dit vendredi 14 mai que la fuite était "minuscule" en proportion de l'immensité de l'océan!

La pression de la population américaine

Des manifestations ont eu lieu dans une vingtaine de villes aux Etats-Unis. Le collectif Answer a lancé la campagne "Gelez les actifs de BP". Le mécontentement de la population a peut-être poussé le président Obama a haussé le ton contre la compagnie pétrolière responsable de la catastrophe.

La colère d'Obama

Le président Obama compte créer une commission d'enquête indépendante sur la marée noire, selon une information publiée le 18 mai. Le 14 mai, Barack Obama avait tonné contre BP et la gestion de la marée noire, mais aussi contre Transocean, le propriétaire de l'établissement qui a coulé, et Halliburton, le concepteur du coffrage en ciment du puits de pétrole. Le président aurait dit "ne pas avoir apprécié ce qu'[il a] considéré être un spectacle ridicule pendant les audiences au Congrès à ce sujet". "Les Américains n'ont pas été dupes, et moi non plus", a précisé Barack Obama, avant d'ajouter ne "plus tolérer" ce genre d'attitude.

L'enquête sur la responsabilité de BP

Huit sénateurs américains ont demandé lundi 17 mai l'ouverture d'une enquête pour élucider les responsabilités de BP dans la catastrophe. "Nous vous demandons d'ouvrir une enquête pour déterminer si BP a fait des déclarations fausses et mensongères au gouvernement fédéral", écrivent-ils au ministre de la Justice. Un document datant de février 2009 rédigé par BP assurait que la société pouvait maîtriser une éventuelle fuite de pétrole. La preuve du contraire vient d'être faite durant les trois semaines écoulées.

Un pélican noir, victime de la marée noire.

REUTERS/Hans Deryk

Un pélican noir, victime de la marée noire.

Des signes avant-coureurs ignorés

Le Wall Street Journal de jeudi 13 mai indiquait que des tests avaient été effectués 48h avant que la plate-forme ne sombre. Ceci révélait que "du gaz hautement combustible s'était infiltré dans le puits". Cela n'a pas empêché le forage de continuer.

Le coût de la marée noire

Outre la vie de 11 hommes sur la plate-forme, et la mise en péril du fragile écosystème du golfe du Mexique, la marée noire coûte cher au groupe pétrolier BP. La perte s'élèverait à 625 millions de dollars, dont un versement de 70 millions aux états américains touchés (la Louisiane, l'Alabama, la Floride et le Mississippi). Cette marée noire empêche les pêcheurs de pratiquer leur activité. La Louisiane est le plus gros producteur de poissons et de fruits de mer aux Etats-Unis.

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