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L'actu Verte
11 janvier 2010

Thon rouge : la France va trancher

Paris doit se prononcer aujourd’hui sur l’interdiction du commerce de l’espèce menacée.

    La France a-t-elle dans ses mains le sort du thon rouge ? La décision qu’elle doit prendre aujourd’hui est en tout cas très attendue, tant par les ONG environnementales que par les pêcheurs. Elle devrait annoncer si elle estime que Thunnus thynnus, mieux connu sous le nom de thon rouge, est une espèce menacée, au point d’en interdire le commerce international… C’est-à-dire essentiellement les exportations de la Méditerranée et de l’Atlantique vers le Japon.

    Pour la principauté de Monaco, la réponse est clairement oui. C’est elle qui a déposé devant la Convention sur le commerce international des espèces sauvages menacées d’extinction (Cites) une demande de classement du thon rouge à l’Annexe I, qui regroupe les espèces menacées de disparition, interdisant leur commerce.

    L’été dernier, Nicolas Sarkozy semblait avoir basculé côté monégasque, apportant «le soutien de la France à l’inscription du thon rouge à l’annexe de la convention internationale sur les espèces sauvages, pour en interdire le commerce». Même s’il ne précisait pas de quelle annexe il s’agissait (l’Annexe II, est moins contraignante), le Président parlait bien d’«interdire» le commerce et non pas juste de le réglementer.

    Depuis, la position de la France est devenue plus floue. A l’automne, elle a bloqué, avec d’autres riverains de la Méditerranée, une proposition de la Commission européenne de soutenir Monaco.

    En novembre, lors de la réunion de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (Cicta), le quota de captures autorisées a été fixé à 13 500 tonnes. Une baisse de près de 40 % par rapport à 2009, jugée malgré tout insuffisante par les écologistes. Ils espéraient un moratoire et comptent désormais sur la Cites pour l’obtenir. Jeudi, une réunion sur le sujet à Matignon avec des représentants des ministères de l’Ecologie et de la Pêche s’est révélée «non conclusive», selon l’entourage de Jean-Louis Borloo. Un nouveau rendez-vous est prévu aujourd’hui avant l’arbitrage du Premier ministre.

    Le dossier est politiquement sensible. D’un côté, la France, qui tente de porter un discours écolo au niveau international, a une occasion de marquer le coup, alors que s’ouvre l’année de la biodiversité. D’autant que le mouvement de la société civile hostile à la consommation de thon rouge s’étend : après plusieurs grandes surfaces, ce sont les cuisiniers des Relais-et-châteaux qui se sont engagés, depuis le 1er janvier, à ne plus en servir. De l’autre, le gouvernement redoute la mobilisation des pêcheurs. Vendredi, le Comité des pêches français se déclarait «très inquiet du sort qui risque d’être réservé aux pêcheurs français de thon», préconisant d’attendre «la prochaine évaluation du stock de thon rouge», et dénonçant au passage «la pression constante et injustifiée exercée par les ONG». Celles-ci craignent qu’à quelques semaines des régionales, Matignon ne souhaite pas se mettre à dos une profession connue pour ses coups d’éclats.

    Greenpeace et le WWF en appellent donc au «vrai courage politique». La décision française engage au-delà de sa seule voix parmi les 175 membres de la Cites. Si elle soutient Monaco, elle pourrait faire basculer l’Europe. Or, la position de l’Union européenne, qui regroupe les principaux pêcheurs, est «cruciale», explique un diplomate : «Sans même parler du nombre de voix que cela représente, un soutien de l’UE aurait un effet d’entraînement pour d’autres pays.» Et donnerait une chance au thon rouge de sortir protégé de la conférence de la Cites programmée en mars à Doha, au Qata

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