Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'actu Verte
24 mars 2010

"Attendre un accord à l'échelle de l'Europe est criminel, compte tenu de l'urgence"

L'ancien premier ministre Michel Rocard, le 10 juin 2009 à Paris.

Michel Rocard, vous avez présidé, à la demande de Nicolas Sarkozy, entre juin et juillet 2009, la mission de réflexion sur la taxe carbone. C
omment accueillez-vous la décision du gouvernement de soumettre, désormais, l'application de cette taxe en France à un accord européen qui imposerait à tous les pays de l'Union la même contrainte ?

Je regrette beaucoup cette décision que je trouve condamnable et prise trop vite, à la suite d'une réflexion électorale, au regard du résultat des élections régionales.

Il faut avoir le contexte dans la tête : si on ne fait rien, dans quelques générations, la vie sera impossible en raison des émissions de carbone, qui entraînent le réchauffement climatique. En ce domaine, plus on décide d'une réglementation tôt, moins ce sera difficile d'agir.

Au début des années 2000, l'Union européenne avait choisi de veiller aux suggestions du protocole de Kyoto sur la réduction de l'émission des gaz à effet de serre. Un système de quotas a été mis en place depuis 2005, mais il ne concerne que les producteurs d'énergie utilisant des combustibles fossiles et certains producteurs de matériaux (ciment, béton, acier…).

Cela a pour effet que reste en dehors de la sphère d'application de ce système le reste de l'industrie, l'agriculture, les services, la vie privée… Ce système de quotas, en plus, fonctionne très mal, car il est soumis à la spéculation. Et l'effet de ces quotas sur les émissions est infinitésimal.

Il s'agissait donc de savoir comment compléter ce dispositif. Des pays d'Europe comme la Suède, le Danemark, la Norvège et la Finlande, ont une taxe carbone en marche. En Suède, particulièrement, cela fonctionne bien, depuis presque vingt ans.

Il y a urgence à amener toute l'Europe vers ce système de taxe carbone. La France avait choisi de mener une politique d'entraînement, et je regrette que cela change. L'argument qui dit qu'il faut attendre un accord à l'échelle de l'Europe est criminel, compte tenu de l'urgence.
Cette renonciation est une lâcheté extrêmement dangereuse. Je suis personnellement très malheureux de cette décision.

Propos recueillis par Pierre Jaxel-Truer

Publicité
Publicité
Commentaires
L'actu Verte
Publicité
Publicité