Quatrième jour de paralysie du trafic aérien en Europe
LONDRES, 18 avril (Reuters) - Le trafic aérien restera
paralysé ce dimanche, pour le quatrième jour, sur la majeure
partie du continent européen où un énorme nuage de cendres
volcaniques continue de se propager.
Plus de trois vols sur quatre
ont dû être annulés samedi,
bloquant des dizaines de milliers de voyageurs. De nombreux pays ont
fermé leur espace aérien jusqu'à
dimanche, voire lundi, et les météorologues prévoient que le
nuage ne se déplacera guère d'ici là. Certains estimaient même
qu'il pourrait devenir plus dense mardi et mercredi et menacer
encore plus le transport aérien.
Le nuage, mélange de particules
abrasives qui se déplace
dans la haute atmosphère où il représente un sérieux danger pour
les moteurs et les fuselages des avions, coûte aux compagnies
aériennes plus de 200 millions de dollars par jour.
Des vols d'essai
sans passagers ont été organisés samedi par
les compagnies aériennes KLM et Lufthansa, qui ont fait savoir
que leurs appareils ne semblaient pas avoir été endommagés par
les cendres volcaniques en provenance du volcan islandais situé
sous le glacier Eyjafjallajokull, entré en éruption mercredi.
La
compagnie néerlandaise KLM espère, s'il se confirme par
des examens plus poussés que ces vols ont été concluants, faire
revenir sept appareils d'Allemagne vers Amsterdam dimanche et
obtenir la permission de reprendre partiellement ses opérations.
"Tous
les avions ont été inspectés à leur arrivée à
Francfort et il n'y avait pas de dommage sur les vitres du
cockpit ou le fuselage ni d'impact sur les moteurs", a déclaré
pour sa part Aage Dünhaupt, porte-parole de la Lufthansa (pour
plus de détails, voir ).
COMBIEN DE JOURS ?
Jamais depuis les
attentats du 11 septembre 2001 à New York
et Washington le trafic aérien n'avait été aussi perturbé.
L'espace aérien des Etats-Unis avait alors été fermé pendant
trois jours et les compagnies européennes avaient annulé tous
leurs vols transatlantiques.
L'agence européenne de contrôle aérien
Eurocontrol a estimé
le nombre de vols à 5.000 samedi, contre 22.000 en période
normale. Il y en avait eu 10.400 vendredi contre 28.000
habituellement.
Le nuage de cendres a aussi eu des conséquences
diplomatiques, bon nombre de dirigeants ayant annulé leur
participation aux obsèques de l'ancien président polonais Lech
Kaczynski, dimanche à Cracovie.
Le président américain Barack Obama, son homologue français
Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande Angela Merkel, bloquée
en Italie, ont dû renoncer à se rendre en Pologne.
En Islande,
l'éruption volcanique semblait perdre en
intensité samedi mais elle pourrait se prolonger des jours,
voire des mois selon les autorités. (voir )
L'organisation météo
américaine AccuWeather a indiqué que le
nuage se trouvait dans une zone de vents faibles et qu'il était
donc peu probable qu'il se déplace beaucoup lundi.
"Le nuage devrait
devenir plus concentré mardi et mercredi,
et menacer davantage le transport aérien. Ceci dit, il devrait
également devenir plus étroit et affecter une zone plus
réduite", indiquait AccuWeather, qui prévoit pour jeudi des
vents venus de l'Atlantique qui pourraient dissiper le panache
de cendres.
La Grande-Bretagne, le Danemark et l'Allemagne, entre
autres, ont fermé leur espace aérien pour toute la journée de
samedi. La Grande-Bretagne a prolongé cette mesure jusqu'à
dimanche 18h00 GMT.
PAGAILLE EN ASIE
En France, les 26 aéroports
situés au nord d'un axe
Nantes-Lyon, dont les trois parisiens - Roissy, Orly et Le
Bourget - devaient interrompre leur trafic jusqu'à lundi matin
8h00 (06h00 GMT).
Les aéroports de Grenoble et Bordeaux ont également
fermé à
partir de samedi 16h00 et ceux de Nice et Marseille fermeront
dimanche à partir de 6h00, a annoncé la Direction générale de
l'aviation civile (DGAC) samedi soir (voir ).
L'Italie a prolongé la
fermeture des aéroports du nord du
pays. Aux Pays-Bas, la fermeture court jusqu'à ce dimanche
matin, en Suisse jusqu'à dimanche 12h00 GMT.
Si le nuage de cendres
ne perturbe pas les vols pendant des
semaines, ce qui menacerait l'approvisionnement des usines, les
économistes ne s'attendent pas à ce qu'il ralentisse très
sensiblement la fragile sortie de récession de l'Europe.
La pagaille
s'est étendue à l'Asie, où des dizaines de vols
à destination de l'Europe ont été annulés tandis que les hôtels,
de Pékin à Singapour, étaient assaillis par des milliers de
voyageurs bloqués en divers pays. (voir Environ 84% des vols de
compagnie américaines à destination
ou en provenance d'Europe ont été annulés samedi.
L'armée américaine a
elle aussi dû dérouter de nombreux
vols, notamment ceux qui permettent d'évacuer les blessés
d'Afghanistan et d'Irak, a indiqué un porte-parole du Pentagone.
L'Eyjafjallajokkul
est entré mercredi en éruption pour la
deuxième fois en un mois, projetant un panache de cendres entre
6.000 et 11.000 mètres d'altitude.
Samedi, les particules de verre et
de roche volcanique
étaient retombées entre 5.000 et 8.000 mètres.
"L'éruption peut
continuer longtemps comme ça", a prévenu
Bergthora Thorbjarnardottir, géophysicienne des services
météorologiques islandais.
"Mais tous les volcans sont différents et
nous n'avons pas
beaucoup d'expérience avec celui-ci. Cela fait 200 ans qu'il
n'était pas entré en éruption", a-t-elle ajouté. (Bureaux de Londres,
Genève, Dublin, Paris, Amsterdam,
Bruxelles, Reykjavik, Washington, Francfort et Berlin; Gregory
Schwartz, Jean-Stéphane Brosse pour le service français)