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L'actu Verte
2 mai 2010

Marée noire : en Louisiane, les habitants se préparent au pire

Le président Obama est attendu aujourd’hui en Louisiane, un des quatre Etats américains à avoir décrété l’état d’urgence. Face à cette marée noire historique, la mobilisation s’organise.

Dans le parking qui affiche habituellement complet tous les week-ends, seules quelques voitures chauffent au soleil. Les hamacs tendus face à la mer se balancent, vides. Et les pêcheurs désoeuvrés scrutent un horizon devenu menaçant. Hier après-midi, à la marina de Venice, sur le delta du Mississippi, personne ne crie, personne ne se révolte.

Habitants et commerçants attendent de connaître l’évolution de la marée noire. En quelques heures, celle-ci est passée de menace à réalité, souillant les côtes de Louisiane (où le américain est attendu aujourd’hui) et s’approchant d’autres Etats. « On attend et on croise les doigts, résume Parril, jovial propriétaire d’un bar et de trois bateaux de pêche. Personne n’est capable de prédire à long terme les conséquences de la catastrophe. » « Ça n’aurait pas pu être pire », ajoute le capitaine d’un bateau qui joue nerveusement avec une épuisette en regardant le ballet des hélicoptères.  A quelques kilomètres de là, l’ambiance est bien plus électrique. Il est 14 heures et la Oil, la compagnie de à l’origine de la marée noire, organise une réunion avec les pêcheurs de la région pour les inciter à nettoyer les eaux souillées. « Au lieu d’aller à la pêche, nos bateaux vont maintenant chasser le pétrole, explique fataliste, Herman, 35 ans, pêcheur à Venice, venu à la réunion. Evidemment j’en veux à cette compagnie de pétrole, reprend Herman, père de deux enfants et spécialisé dans les crevettes et les crabes.  Mais ce qui est fait est fait. Il faut regarder devant, je suis volontaire pour nettoyer et vite. » Pourtant, dans le gymnase, où environ 300 pêcheurs remplissent des questionnaires de candidature, personne ne sait quand commenceront les opérations. « Le plus vite possible », promet une porte-parole de BP, qui dit comprendre « la catastrophe vécue par les habitants ». « Nous avons besoin d’un maximum de volontaires. Nous en avons aujourd’hui 1 000 qui ont répondu à notre appel. »
« Ce sont de belles paroles, mais aucune date n’a été fixée, déplore Tong Vo, 45 ans, pêcheur à Venice depuis vingt-trois ans. Et de toute façon, pour cette année, les crevettes, c’est fichu, comme les huîtres… Tout va mourir. En attendant le retour à la normale, je ne sais pas qui paiera mes factures. J’ai déjà perdu mon bateau avec l’ouragan Katrina, en 2005. Je n’avais pas besoin de ça, comme personne ici. »
Mary acquiesce. Elle prend la parole à la place de son mari, trop dévasté pour s’exprimer. « La pêche, c’est toute notre vie, chuchote-t-elle. Mon mari a commencé à 12 ans. Les enfants veulent reprendre le navire et là… tout va peut-être être détruit. Je ne peux dire qu’une chose : nous avons peur. » Le vent qui porte depuis deux jours l’odeur un peu âcre du pétrole, lui, continue de souffler.

VIOLETTE LAZARD

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