Marée noire : Obama crée une commission indépendante
Un mois après la catastrophe, le président américain veut garder la main. Il sait qu'il joue une partie de son avenir politique. Barack Obama a annoncé, samedi 22 mai avoir mis sur pied une commission d'enquête indépendante pour faire la lumière sur les causes de la marée noire dans le golfe du Mexique.
Depuis quelques jours, des nappes de brut lourd de couleur rouille commencent à encrasser les fragiles marais situés aux abords du delta du Mississippi, menaçant zones de pêche et vie sauvage.
Les missions de la commission. Cet organe, formé de sept membres doit fournir des recommandations dans les six mois pour éviter et atténuer à l'avenir l'impact d'une éventuelle marée noire due à des forages en mer. "Cette catastrophe est sans précédent par nature, et présente une série de nouveaux défis auxquels nous travaillons à répondre", a dit le président américain dans son allocution hebdomadaire. "Mais la question, c'est quelles leçons allons-nous tirer de ce désastre pour être certains que cela ne se reproduise plus", a-t-il ajouté.
L'ancien gouverneur de Floride - l'un des Etats concernés par la pollution - Bob Graham (démocrate) coprésidera la commission avec l'ancien patron de l'Agence de protection de l'environnement (EPA) William Reilly (républicain). Les cinq autres membres de la commission seront désignés dans les prochains jours parmi des scientifiques, ingénieurs et défenseurs de l'environnement.
Encadrer les futurs forages en mer. Barack Obama a déclaré que les futurs forages
pétroliers en mer seraient subordonnés à des garanties pour éviter que
ne se reproduise une catastrophe comme celle du golfe du Mexique. La
marée noire remet en question une proposition antérieure d'Obama en
faveur d'une extension des forages en mer dans le cadre d'une stratégie
visant à rallier des voix républicaines à une législation sur le
changement climatique.
Le président a rappelé samedi qu'il avait
donné pour instruction d'inspecter tous les sites de forage en eau
profonde et suspendu pour un mois toute autorisation de nouveau site. "Parce
qu'il représente 30% de notre production pétrolière, le golfe du
Mexique peut jouer un rôle important dans la sécurisation de notre
avenir énergétique. Mais nous ne pourrons poursuivre le forage pétrolier
en mer que si nous avons l'assurance qu'une catastrophe comparable à la
marée noire de BP ne se produira pas", a-t-il dit.
Un enjeu pour Obama. A mesure qu'apparaissent les atteintes à l'environnement et à l'activité économique, des analystes jugent possible que la marée noire handicape le président Obama aux élections de mi-mandat prévues en novembre, où les démocrates sont déjà en mauvaise posture, compte tenu de la situation économique et sociale. La création d'une commission permet au président de marquer son rôle de leader dans une crise durant laquelle des critiques ont visé à la fois les compagnies pétrolières et les services gouvernementaux chargés d'en superviser les activités.
Après avoir promis de contraindre les compagnies concernées à faire toute la lumière sur la fuite et à la colmater, Obama a mis en garde samedi les services fédéraux. "Au moment où nous demandons à BP d'assumer ses responsabilités, nous devons en demander autant à Washington", a-t-il dit. "Nous savons (...) que des relations de connivence entre les compagnies pétrolières et gazières et les agences qui les réglementent est un sujet de préoccupation depuis longtemps."