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L'actu Verte
23 mai 2010

BP pris en délit de fuite minorée

Le pétrolier BP est parvenu à faire lui-même la preuve qu’il nous avait désinformés : 5 000 barils de pétrole par jour sont maintenant récupérés grâce au tube inséré dans le tuyau de son puits accidenté au large de la Louisiane. Soit exactement la quantité qui, selon lui, jaillissait de ce puits ! Or le pétrole continue de s’échapper à gros bouillons au fond de la mer, comme on a pu le voir grâce à une retransmission vidéo en direct sur le site internet de BP.

Complice. Ce ne sont donc pas 5 000 barils (800 000 litres) qui se répandent chaque jour depuis le 20 avril dans le golfe du Mexique, s’indigne le représentant démocrate Edward Markey, mais bien «50 000, 60 000 ou 100 000 barils» : «BP avait cette info, mais il a refusé de la donner. […] Ils essaient de limiter l’information pour se protéger des demandes de dédommagement.»

Depuis le début, BP soulignait bien que ce chiffre de 5 000 barils par jour n’était qu’une «supposition». Mais il disait préférer stopper le jet plutôt que de calculer précisément son volume. L’administration Obama, qui assure - comme BP - vouloir apporter une réponse exemplaire à cette marée noire, apparaît d’ailleurs de plus en plus complice de l’improvisation et des efforts pour cacher l’ampleur du drame. Il y a une semaine, lors d’une allocution solennelle pour signaler qu’il était toujours au premier front de la catastrophe, Obama avait relevé «l’incertitude» planant sur la quantité de pétrole répandue. Mais sans exiger, ni de BP ni de son administration, que la lumière soit faite sur le sujet.

Détergent. Un mois après l’accident, alors que BP a déjà déversé dans le golfe du Mexique 2,6 millions de litres de Corexit, un détergent qui aide le pétrole à se dissoudre dans l’eau, l’Agence fédérale pour la protection de l’environnement (EPA) vient seulement de lui demander d’utiliser un produit moins «toxique». L’usage du Corexit est autorisé aux Etats-Unis, mais interdit au Royaume-Uni, le pays d’origine de BP. Déjà utilisé après l’échouement de l’Exxon Valdez, le Corexit avait été soupçonné de nombreux effets néfastes pour les nettoyeurs de cette autre marée noire, qui ont souffert de troubles respiratoires et de problèmes du foie, des reins ou de la circulation sanguine.

Un mois après l’accident, les autorités américaines semblent réaliser qu’il existe sur le marché des produits moins toxiques, comme le Sea Brat 4, par exemple. Par précaution, BP en avait commandé de grosses quantités dès début mai, mais ne les a pas encore utilisées, profitant du fait que les autorités américaines lui laissaient jusqu’alors déverser le produit de son choix. Le Corexit est fabriqué par Nalco, une firme connue pour ses liens étroits avec l’industrie pétrolière.

BP promet désormais de tenter, dimanche ou lundi, le «top kill» : une injection de boue pour étouffer le flot de pétrole. Si cela fonctionne, le puits pourrait ensuite être recouvert d’une chappe de ciment.

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