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L'actu Verte
30 janvier 2010

Plan de mobilisation gouvernemental en faveur des métiers verts

La politique environnementale peut générer des centaines de milliers d'emplois : c'est pour étayer ce pari que Jean-Louis Borloo, ministre de l'écologie, et Valérie Létard, secrétaire d'Etat, devaient présenter, jeudi 28 janvier, à Paris, un "plan de mobilisation pour les métiers de la croissance verte", lors d'une "conférence nationale".

Cette dernière conclut un travail engagé par les services de Mme Létard depuis septembre 2009, et qui a réuni près de 400 experts chargés d'identifier les potentialités d'emploi dans onze filières économiques (agriculture, automobile, bâtiment, eau et déchets, électromécanique, énergies renouvelables, raffinage et agrocarburants, tourisme, transport, mer, biodiversité). Leur rapport est plus mesuré que l'estimation optimiste - 600 000 emplois - lancée par M. Sarkozy, en juin 2009, sur la base d'une étude sommaire du cabinet Boston Consulting Group (Le Monde du 30 juillet 2009).

La "Synthèse des travaux des comités de filière" remise en janvier est beaucoup plus prudente. Elle n'identifie formellement qu'environ 210 000 nouveaux emplois pérennes d'ici à 2020 (90 000 dans l'agriculture, 40 000 dans l'eau et les déchets, 80 000 dans les infrastructures de transport collectif). Sur plusieurs autres secteurs, il reste difficile de mesurer le solde net d'emplois, notamment dans le bâtiment, où l'enjeu est très important, avec un vaste potentiel de travaux d'économies d'énergie dans le parc immobilier existant. En revanche, des filières comme l'automobile pourraient perdre des emplois. Le rapport souligne que, en réalité, "la plupart des filières continueront à offrir des emplois sur des métiers traditionnels, mais avec des nouvelles compétences".

C'est à un constat similaire qu'est parvenu le Conseil d'orientation pour l'emploi (COE), qui a publié, le 25 janvier, un rapport sur le thème "Croissance verte et emploi". "Il y a consensus pour dire que le tournant du développement durable peut se traduire par un potentiel de plusieurs centaines de milliers d'emplois, résume Marie-Claire Carrère-Gée, présidente du COE. Mais les nouveaux emplois strictement verts seront peu nombreux. Il y aura surtout des emplois dans des secteurs traditionnels qui se seront "verdis" ou dans des secteurs peu "verts" mais dont l'activité va croître par des décisions politiques, par exemple dans le bâtiment ou dans le développement des tramways."

Les analyses convergent sur le besoin d'une politique spécifique de formation. "Les comités ayant tous identifié des besoins très importants en matière de formation initiale et continue dans chacune des filières, il en ressort au global un besoin de mobilisation quasi sans précédent de la filière de formation", souligne la synthèse.

C'est d'ailleurs sur ce terrain que M. Borloo et Mme Létard devaient annoncer les principales mesures, avec la création d'un bac professionnel d'agent qualifié dans la gestion des déchets, une formation en énergie renouvelable dans le bac pro électricité et l'inscription du développement durable dans les formations agricoles. Mme Létard a aussi indiqué qu'elle espère que 100 millions d'euros du grand emprunt seront affectés aux régions pour les aider à adapter les compétences des salariés, et 200 millions pour les aider à financer "des projets innovants". La formation à l'économie d'énergie, déjà engagée par la profession du bâtiment, sera encouragée par un apport de 55 millions d'euros.

Ces mesures sont-elles à la mesure des potentialités d'emploi liées à l'environnement ? Sans doute pas. Par exemple, dans l'immobilier, "nous devrions pouvoir créer 18 000 emplois par an pour les travaux d'économie d'énergie, et monter à 30 000, indique Armel Le Compagnon, de la Fédération française du bâtiment. Mais, pour que ce mouvement prenne de l'ampleur, il faut que l'Etat puis les collectivités locales montrent l'exemple, en finançant des travaux de rénovation thermique, pour que les particuliers se lancent."

Une analyse plus globale pourrait aussi être faite, comme le souligne Pascal Canfin, député européen d'Europe Ecologie : "L'emploi lié à l'environnement devrait croître parce qu'il se situe dans des secteurs moins intensifs en capital. Par exemple, l'industrie du bâtiment est plus intensive en emploi que le secteur énergétique, qui mobilise beaucoup plus de capital. Deuxième facteur : le prix du pétrole va augmenter. On a intérêt à développer les économies d'énergie, pour réduire notre facture pétrolière. Mieux ce facteur est anticipé, plus le solde en emplois sera positif." Mais, selon le député écologiste, des mesures politiques beaucoup plus fortes sont nécessaires pour générer des emplois verts : "Plutôt que d'investir 7 milliards d'euros dans le réacteur nucléaire EPR, très peu créateur d'emplois, on ferait mieux de les investir dans les économies d'énergie du bâtiment, à fort gisement d'emplois."

Au cabinet de M. Borloo, on souligne que la réunion du 28 janvier n'est qu'une première étape de mobilisation sur l'emploi vert. "L'année sera marquée par l'insistance sur le facteur humain du Grenelle", dit-on.

Hervé Kempf

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