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L'actu Verte
6 février 2010

Vogue du bio : le retard français

L’engouement pour la consommation des produits de l’agriculture biologique est net, mais la France n’en cultive pas assez.            

Par ELIANE PATRIARCA

Des produits bio sur un marché de Caen, le 16 mai 2008

              Des produits bio sur un marché de Caen, le 16 mai 2008        (AFP Mychèle Daniau)

    Les Français aspirent au bio : il ne s’agit plus d’une mode, mais d’une tendance lourde, structurelle de la consommation alimentaire. C’est le principal enseignement du baromètre 2009 (1) présenté hier à Paris par l’Agence BIO, le groupement d’intérêt public pour la promotion de l’agriculture biologique. Même la crise n’a pas altéré cet appétit pour des aliments exempts de produits phytosanitaires et dont la production respecte l’environnement. Face à cette demande en forte croissance, l’Agence BIO constate un virage «historique» : en 2009, le nombre des agriculteurs qui ont décidé de se convertir au bio a fait un bond.

    le BIO : une tendance lourde…

    Un Français sur deux (46 %) a mangé au moins une fois par mois un produit issu de l’agriculture biologique en 2009, contre 44 % en 2008 et 42 % en 2007. Et 9 % disent en consommer tous les jours (8 % en 2008). En dépit de la crise, ils sont plus nombreux qu’en 2008 : 39 % déclarent en avoir acheté au cours des quatre semaines précédant l’enquête (autant qu’en 2008), et comptent maintenir le cap : 25 % entendent augmenter leur consommation, 71 % la maintenir. Du bio, les Français en réclament partout. Au restaurant : 45 % y souhaitent des plats bio. Sur leur lieu de travail : 41 % en espèrent à la cantine, 38 % dans les distributeurs automatiques. 75 % des parents souhaitent que l’on propose des plats bio dans les cantines. En 2009, un tiers des élèves y ont goûté contre 24 % l’année précédente. Et les produits bio attirent de plus en plus : 20 % des consommateurs le sont depuis moins de deux ans.

     

     

    …à tout prix

    Les Français apprécient les efforts faits par les agriculteurs pour préserver la qualité de l’eau et de la terre et le goût des aliments. Un sondé sur quatre trouve normal de payer plus cher la production bio. Et les parents déclarent être prêts à acquitter 7 % de plus pour un repas à la cantine scolaire s’il est composé de plats bio. De plus, les ouvriers qui, en 2008, représentaient 11 % des consommateurs français de bio sont aujourd’hui 16 % soit presqu’autant que les cadres et professions intellectuelles (17 %).

    …qui séduit les agriculteurs

    En 2009, chaque mois en moyenne, 300 agriculteurs ont décidé de se convertir au bio. Ils sont aujourd’hui 16 400 engagés dans l’agriculture biologique, soit une progression de 23 % par rapport à 2008. «Historique» note Elisabeth Mercier, directrice de l’Agence BIO. En un an, le nombre de conversions enregistré est équivalent au cumul des sept années précédentes.

    …qui prend son temps

    Néanmoins, la croissance des conversions en bio est un trompe-l’œil : la France reste l’un des pays européens les moins efficaces en production bio. Seules 3,2 % des exploitations sont conduites selon les règles de l’agriculture biologique. Et les terres bio ne représentent que 2,5 % de la surface agricole cultivée française. Ridicule face à nos voisins européens : en 2008, en Espagne, les surfaces bio ont augmenté de 33 %. En retard sur la France en 1996, l’Espagne l’a depuis largement devancée, dépassant même cette année l’Italie, jusque-là leader européen avec 16 % de sa surface agricole en bio. L’Allemagne est à 14 %, le Royaume-Uni, 10,1 %.

    …quE la France ne peut satisfaire

    Pourquoi la France, très en pointe sur le bio dans les années 70, est-elle à la traîne ? Dans notre pays, le modèle d’une agriculture productiviste et intensive est resté dominant. Soutenu par la FNSEA et le ministère de l’Agriculture durant des décennies, il a écrasé les velléités et les efforts d’agriculteurs longtemps considérés comme des «fadas». D’autres pays comme l’Italie ont eux profité des aides européennes à la conversion en 1991 pour développer le marché par l’exportation et la restauration collective. Résultat : face à une demande en expansion, les producteurs bio sont obligés de se tourner vers l’étranger : en 2008, 30 % des produits bio consommés en France sont importés. Un chiffre qui devrait encore augmenter compte tenu du succès du bio chez les consommateurs français. C’est le paradoxe du bio en France : un engouement exponentiel que la production nationale ne peut satisfaire.

    (1) Enquête CSA menée du 26 au 30 octobre 2009 auprès d’un échantillon de 1 015 personnes représentatives de la population française.

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    Commentaires
    M
    Pour la santé de vos enfants et pour préserver la planète, dites « Oui au bio dans ma cantine » !
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