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L'actu Verte
20 avril 2010

Le volcan islandais peut-il affecter le climat ?

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Alors que le volcan islandais Eyjafjöll continue de cracher des cendres, la question des conséquences pour le climat de cette éruption, survenue mercredi 14 avril, se pose toujours. Si les scientifiques s’accordent à dire que l’impact du volcan devrait être faible, ils peinent encore à s’arrêter sur des chiffres.

 

Le volcan diffuserait actuellement entre 150 000 et 300 000 tonnes de CO2 par jour, selon Colin Macpherson, géologue à l’université de Durham en Angleterre, et Patrick Allard, volcanologue à l’Institut physique du globe de Paris, interrogés par l’AFP. Le scientifique français estime par ailleurs que le volcan émet actuellement “20 fois plus de CO2 qu’il n’en produisait dans la première phase de l’éruption”. Ces émissions, si elles se maintenaient durant un an, placeraient le volcan islandais entre le 47 et 75e rang de la liste des pays émetteurs de gaz à effet de serre (GES), d’après des chiffres de 2005 publiés par World Resources Institute (WRI), un think tank américain spécialisé dans les données environnementales. Mais rien ne permet aujourd’hui de prédire jusqu’à quand ces émissions vont se poursuivre et à quel niveau.

Si les émissions ont augmenté, les experts les considèrent toutefois comme minimes. Pour Patrick Allard, “la quantité de CO2 émise par les volcans en général, et celui-là en particulier, est négligeable” par rapport aux émissions totales de gaz à effet de serre. Un avis que partage le volcanologue islandais Freysteinn Sigmundsson, qui estime que “le volume de matière émis jusqu’à présent est dix à cent fois plus faible que dans le cas du Pinatubo”. En 1991, le volcan philippin avait relâché 5 km3 de débris magmatiques et 17 millions de tonnes de dioxyde de soufre dans l’atmosphère, rappelle Le Monde. Conséquence : un refroidissement de 0,5 à 0,6°C de l’hémisphère Nord et de 0,4°C de l’ensemble du globe, en 1992 et 1993, selon une étude du Centre de volcanologie d’Hawaï, précise le quotidien.

Au-delà de la quantité de CO2 rejeté, l’éruption de l’Eyjafjöll diffère de celle du Pinatubo par l’altitude atteinte par les émissions. En 1991, les cendres et gaz sulfurés avaient été projetés à 40 km d’altitude, dans la stratosphère, où les vents les avaient disséminés et fait circuler autour du globe. Dans le cas de l’Islande, la matière émise aurait atteint 6 km d’altitude, soit moins que le plancher de la stratosphère, qui se situe de 8 à 15 km. Elle pourrait donc être balayée par la pluie d’ici quelques jours.

Certains volcanologues s’inquiètent par contre du rôle de détonateur que pourrait jouer l’éruption de l’Eyjafjöll. Ses trois dernières éruptions (en 920, 1612 et 1821-1823) ont été suivies d’un réveil du Mont Katla, un volcan beaucoup plus dangereux situé à une vingtaine de kilomètres, ainsi que de spectaculaires inondations, explique Sciences et Vie. Le journaliste précise toutefois que le volcan Laki, le plus meurtrier d’Islande, ne donne aucun signe d’inquiétude aux géophysiciens.

Le volcan islandais ne devrait donc pas affecter le climat. A l’opposé, l’impact du réchauffement climatique sur l’activité volcanique semble avéré. “Notre travail suggère qu’il y aura des éruptions plus importantes ou plus fréquentes en Islande dans les décennies à venir”, a déclaré Freysteinn Sigmundsson à l’agence de presse Reuters. Et de justifier : “Le réchauffement climatique fait fondre la glace et cela peut influencer les systèmes magmatiques.” La fin de l’âge glaciaire, il y a dix mille ans, avait ainsi coïncidé avec une poussée de l’activité volcanique en Islande.

Audrey Garric

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