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L'actu Verte
20 avril 2010

La fonte des glaciers pourrait stimuler les éruptions

Le réchauffement climatique a-t-il été un facteur déclencheur de l'éruption de l'Eyjafjöll, le petit volcan sous-glaciaire islandais dont le panache cendreux continue d'obscurcir le ciel de l'Europe ? Les chercheurs ne le pensent pas. Le glacier qui le recouvre, l'Eyjafjallajökull, est de taille trop réduite, et la couche de glace – entre 200 et 300 mètres – trop peu épaisse, pour qu'une variation de cette calotte ait pu avoir une influence déterminante sur la géologie locale.

A plus grande échelle, en revanche, la fonte des glaciers menace d'accroître l'activité volcanique. "Une éruption peut être provoquée par une surpression ou par une décompression, décrit Patrick Allard, directeur de recherche au CNRS et volcanologue à l'Institut de physique du globe de Paris (IPGP). Si on allège la charge qui pèse sur le réservoir de magma formé de cristaux et de bulles de gaz, les forces de pression qui s'exercent sur lui se relâchent. C'est comme si on ôtait le bouchon."

Avec ses quelque 130 volcans actifs, l'Islande constitue un terrain d'observation privilégié. Carolina Pagli, géophysicienne à l'université de Leeds (Royaume-Uni), et Freysteinn Sigmundsson, volcanologue à l'université de Reykjavik, ont publié, en 2008, dans la revue Geophysical Research Letters, une étude sur le plus grand glacier islandais, le Vatnajökull, qui s'étend sur plus de 8 000 km2, au sud-est de l'île, où il coiffe plusieurs volcans, dont le Bardarbunga, le Grimsvötn et le Kverkfjöll.

ACTIVITÉ PLUS INTENSE

Depuis 1890, cette calotte a perdu environ 10 % de sa masse. Et le niveau du sol autour du glacier s'élève actuellement de 25 millimètres par an. Les scientifiques ont calculé que, du fait de l'affaiblissement des contraintes pesant sur le manteau et la croûte terrestres, la production de magma souterrain a augmenté d'environ 1,4 km3 en un siècle.

Un volume suffisant pour que se produise, tous les trente ans, une éruption comparable au dernier grand événement volcanique enregistré sous le Vatnajökull, qui avait éjecté, en 1996, près de 0,5 km3 de magma. "Du fait du retrait des glaciers, on peut s'attendre, dans le futur, à une augmentation de l'activité volcanique", concluent les auteurs.

Interrogé après le réveil de l'Eyjafjöll, M. Sigmundsson confirme cette crainte : "Il pourrait y avoir des éruptions soit un peu plus importantes, soit plus fréquentes en Islande dans les prochaines décennies."

Selon sa collègue, des zones volcaniques comme le mont Erebus en Antarctique, les îles Aléoutiennes en Alaska, ou la Patagonie en Amérique du Sud, risquent, elles aussi, de connaître une activité plus intense.

C'est ce qui semble s'être produit voilà dix mille ans, au début de l'holocène, lors de la déglaciation de l'Islande qui a coïncidé avec un regain de volcanisme. Mais à un rythme beaucoup plus rapide qu'aujourd'hui.

Pierre Le Hir

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