Algues vertes : la chambre régionale des comptes pointe le coût du ramassage
La chambre régionale des comptes de Bretagne pointe l'augmentation des
dépenses liées aux algues vertes qui ont plus de doublé ces trois
dernières années, selon une note publiée vendredi à l'occasion d'une
séance solennelle à Rennes.
Les coûts de ramassage et de traitement
pour les collectivités bretonnes sont passés de 345.063 à 809.027 euros
entre 2007 et 2009, tandis que les volumes ramassés augmentaient de
27.150 à 60.642 m3, précise la Chambre qui vient de lancer un contrôle
sur ce dossier.
Le contrôle porte sur les huit communes bretonnes les
plus touchées par les marées vertes (80% du volume collecté en
Bretagne), quatre dans les Côtes d'Armor et quatre dans le Finistère.
La
note souligne que le plan national anti-algues présenté en janvier va
induire une "augmentation prévisible des dépenses", avec ses exigences
de ramassage systématique des ulves (algues vertes), d'équipement des
collecteurs, de cessation progressive des épandages, d'interdiction de
stockage et de traitement dans stations contrôlées.
Alors que
commence la campagne de ramassage, les élus de la seule baie de
Saint-Michel-en-Grève estiment que les dépenses liées aux algues vertes
vont passer de 400.000 euros en 2009 à 1,4 million d'euros en 2010 pour
cette seule baie, dont 1,1 million à leur charge.
Inquiètes des
dépenses énormes provoquées par une pollution qu'elles subissent et ne
peuvent pas juguler, les communes concernées ont déjà formulé un recours
gracieux envers l'Etat pour une meilleure prise en charge. Leur demande
ayant été rejetée, les collectivités envisagent désormais de se tourner
vers le tribunal administratif.
Phénomène spécifique à la Bretagne -
région qui représente 7% de la surface agricole française, mais 50% des
élevages de porcs et de volailles-, la prolifération des algues vertes
est favorisée par la présence de nitrates, eux-mêmes liés aux élevages
intensifs et aux engrais agricoles.
Dans son rapport annuel de 2009,
la Cour des comptes avait déjà pointé le coût de l'inaction de l'Etat
face aux pollutions des eaux d'origine agricole, en épinglant notamment
son "insuffisante volonté" à remettre en cause les pratiques agricoles"
et son "action répressive insuffisante".