Deepwater : un mois de marée noire

      

AFP/JOHN MOORE

      

Un employé de BP nettoie les plages de l'île Elmer, en Louisiane.

   

Le 20 avril, la plate-forme Deepwater Horison prend feu puis finit par sombrer. D'énormes quantités de pétrole se sont échappées dans les eaux du golfe du Mexique. Une fuite que BP, qui assurait la gestion de la plate-forme, a eu du mal a juguler. Conscient de la dimension de plus en plus catastrophique de l'incident et des critiques qui s'accumulent sur le manque de réactivité de son administration, le président américain a dit  assumer, vendredi 28 mai, l'entière responsabilité de la marée noire. De l'explosion au retour d'Obama dans les zones touchées, retour sur un mois de marée noire.

• L'accident

Le 20 avril, un incendie se déclenche sur la plate-forme Deepwater Horizon, dans le golfe du Mexique, à 68 km des côtes de la Louisiane. Deux jours plus tard, la plate-forme coule. Elle contenait 2,6 millions de litres de pétrole et extrayait près de 1,27 million de litres par jour. Onze personnes sont portées disparues. Deepwater Horizon, qui appartient à la société Transocean, était exploitée par la compagnie britannique BP.

Au total, trois fuites laissant s'échapper jusqu'à 800 000 litres de pétrole par jour sont repérées.

• La faune et la flore menacées

Le 30 avril, les premières nappes atteignent les côtes de Lousiane et, rapidement, le pétrole s'infiltre dans les bayous. A Venice, port de pêche au sud de La Nouvelle-Orléans, une couche d'au moins dix centimètres d'or noir tapisse les fonds marécageux. Toute la végétation environnante est souillée par le mélange gluant. Au total, plus de 55 kilomètres de côtes sont touchées.

AFP/WIN MCNAMEE

 

Un pélican tente de nettoyer ses ailes, abîmées par la marée noire, au large de Grand Isle, en Louisiane.    

La marée noire met en péril l'existence des marais, que les experts qualifient de "pouponnière animale", à une époque de l'année durant laquelle oiseaux, tortues et mammifères donnent naissance à leurs petits. Le dauphin à gros nez et les tortues de mer seraient parmi les premières victimes. Par ailleurs, la marée noire risque d'être happée par un puissant courant marin qui pourrait la propulser vers l'archipel des Keys, à la pointe de la Floride, menaçant la troisième barrière de corail du monde.

• La responsabilité de BP

BP assume "la pleine responsabilité de la marée noire", a indiqué une porte-parole du groupe. Les autorités américaines ont annoncé la création d'une commission chargée d'examiner la sécurité des opérations à bord des plates-formes pétrolières et de renforcer les contrôles des équipements. Douze pays et organisations internationales ont proposé leur aide.

      

AFP/WIN MCNAMEE

      

Des manifestants réclament des sanctions contre la compagnie pétrolière. "BP tue", peut-on lire ici.

   

Selon le New York Times, le groupe pétrolier a installé, par souci d'économie, un type de tubage dans son puits de pétrole du golfe du Mexique dont il savait qu'il risquait de laisser fuir du gaz. Malgré les lourdes accusations de négligence, Carl-Henric Svanberg, le patron de BP, continue à défendre son entreprise.

• Les solutions pour endiguer la fuite

      

AFP/HO

      

Une partie des nappes sont brûlées avec l'accord des autorités.

   

Des barrages flottants sont déployés sur 20 milles nautiques au large de la côte de Louisiane pour tenter de contenir le pétrole. Les ingénieurs du groupe se démènent pour construire un large couvercle sous-marin destiné à endiguer la fuite, mais leurs efforts échouent. Au même moment, les autorités américaines donnent leur accord pour que soit brûlée la nappe de pétrole.

La population reproche à BP d'improviser sur les solutions à apporter à cette catastrophe écologique. Finalement, la compagnie décide d'installer un tube pour canaliser le brut jusqu'à un pétrolier situé en surface. Tous les moyens sont bons pour empêcher la nappe de se propager : poudre magique, cheveux, poils d'animaux..., les inventeurs rivalisent d'imagination.

• L'opération "Top Kill"

Après trente-six jours, BP enregistre un premier succès avec l'opération de colmatage "Top Kill". Au même moment, les 125 bateaux de pêche participant aux opérations de nettoyage de la marée noire au large de la Louisiane sont rappelés, quatre membres d'équipage ayant signalé des problèmes de santé. Le 27 mai, le pétrole a cessé de couler. Il faudra cependant attendre "au moins quarante-huit heures" avant de savoir si les différentes opérations de colmatage ont réussi, a déclaré à la télévision américaine Tony Hayward, directeur général de BP. La catastrophe a déjà coûté près d'un milliard de dollars (800 millions d'euros) au groupe pétrolier.

• L'engagement de Barack Obama

Le président américain promet de mobiliser "tous les moyens disponibles", dont l'armée. Selon lui, cette marée noire est la pire de l'histoire des Etats-Unis. Il a répété que BP serait tenu responsable jusqu'au dernier centime des indemnisations qui devront être versées aux zones sinistrées.

  AFP/JIM WATSON       

Barack Obama en Louisiane, le 28 mai

Devant l'émotion provoquée par la marée noire, le président a annoncé la suspension de tous les nouveaux projets d'exploration pétrolière en mer. Et il a estimé que la marée noire soulignait "la nécessité urgente" de développer les sources d'énergie renouvelables.

"Je prends en fin de compte la responsabilité finale de trouver une solution à cette crise. Je suis le président et je suis le responsable en dernier ressort", a résumé M. Obama, vrendredi 28 mai, devant les gouverneurs des Etats de l'Alabama, de Louisiane et de Floride, promettant de mettre à disposition tous les moyens nécessaires pour stopper les nappes polluantes qui s'accumulent au large des côtes américaines.